J’ai fait un rêve…et si on s’additionnait au lieu de se soustraire

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J’ai fait un rêve…peut-être est-ce la perspective de prendre quelques jours de repos ou alors une prise de recul salvatrice avec le tourbillon de la campagne présidentielle. J’ai fait un rêve et je ne peux résister à l’envie de vous le faire partager. J’ai fait un rêve, submergé par l’utopie et envahi d’un certain idéal.

 

Dans ce rêve, j’ai vu une espérance collective et un destin commun se dessiner. L’idée d’un autre monde y a balayé les certitudes d’une société figée et la résignation des âmes les plus engagées. Plus question d’hommes politiques rangés sagement derrière le visage fade du pragmatisme, de la présentation faussement modeste d’être des responsables prudents ou bien des élus de terrain dévoués, des émotions fellones sur la vie des " vrais gens " brandies comme un étendard de vérité. Sous son voile de populisme, cette réalité cachait bien souvent un désert idéologique et intellectuel. Drapée d’une vertu paresseuse, cette réalité tentait de ringardiser l’utopie et de discréditer le rêve.

 

J’ai également fait connaissance avec la VIe République, protégée par une foule de démocrates et de républicains, tous soulagés d’avoir échappé à une Ve République qui a pendant trop longtemps étouffé la vie politique française. Particulièrement lors des élections présidentielles. A quelques mois du scrutin de 2007, jamais la dérive monarchique de la Constitution n’a été aussi visible, jamais la personnalisation du pouvoir n’a été aussi écrasante, jamais l’installation du bipartisme n’a été aussi menaçante. J’ai rêvé alors d’une campagne d’intelligence et de sincérité : les chaînes de télévisions observaient le recul qui sied à leur mission d’information, les candidats-ministres ne se servaient pas des ressources de l’Etat pour cadenasser l’élection, les projets n’étaient plus commandés pas les sondages et les hommes politiques retrouvaient le courage de défendre des idées neuves, radicales et mobilisatrices...

 

Dans mon rêve, l’une d’entre elle revenait à subvertir les institutions pour faire respirer la démocratie. Sans vouloir surestimer leur poids sur les pratiques politiques, les institutions de la Ve République ont particulièrement dégradé le débat public en identifiant le pouvoir à une personne et non plus à un projet. Les logiques d’appareils et les réflexes identitaires ont façonné les campagnes électorales au prix d’une extrême dévaluation des processus collégiaux, délibératifs et contradictoires. Ce schéma s’est vérifié lorsque les candidats antilibéraux ont privilégié les structures identitaires au détriment du collectif unitaire, alors même qu’un projet commun existe.

 

Pour sortir de cet émiettement stérile et retrouver l’union autour des 125 propositions antilibérales, j’ai rêvé que tous les candidats antilibéraux disposaient de leurs 500 signatures, que les élus communistes, socialistes et Verts, qui partagent cette option, allaient garantir à Olivier Besancenot et à José Bové leur présence dans le débat public et que les militants antilibéraux participaient, au-delà de leur différence, à une campagne commune. Cela nous permettait de sortir de la personnalisation du pouvoir en faisant campagne non pas pour un candidat mais pour un projet.

 

Trois candidats pouvaient, alors, mettre en valeur toute la richesse d’une offre politique nouvelle et de défendre les grands principes qui ont fait l’objet d’une réflexion commune. Trois voix et trois temps de parole pour une même ambition, n’était-ce pas là une chance unique ? J’ai même imaginé Marie-George Buffet, José Bové et Olivier Besancenot battre les tribunes ensemble et susciter l’enthousiasme des plus engagés et la curiosité des plus réservés. Je les ai vus réunis sur l’estrade à Toulouse, à Marseille, à Rennes ou encore à Lille. Je les ai vus réunis et rejoints par Clémentine Autain, Patrick Braouezec et Yves Salesse. Une dynamique se créait tandis qu’un éclairage nouveau faisait rayonner la seule alternative au libéralisme et le seul projet de transformation sociale de la campagne. Mieux vaut s’additionner que se soustraire et mieux vaut porter un projet à plusieurs que le diluer au milieu des rancœurs.

 

Si cette expérience rêvée a quelque chose d’idéaliste et d’utopique, si elle peut prêter à sourire, ou peut-être à moquerie chez les plus cyniques, je ne souhaite pourtant pas m’en débarrasser. Ce qui compte et ce qui doit rester est bien cette démarche de rassemblement. La visée va bien au-delà de l’échéance électorale de 2007. Les ratés du réel ne doivent pas peser au regard de l’espérance soulevée et de la possibilité qu’une force de transformation sociale devienne majoritaire à gauche. Disons-le sans détours : on ne fait pas de politique sans utopie. On ne peut pas prétendre faire de la politique sans un idéal, sans un horizon. La politique n’est pas faite pour s’adapter à la réalité, mais pour changer cette réalité.

Francois ASENSI - 19 février 2007

blog.francoisasensi.com

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M
Militant pcf, samedi dernier je distribuais des tracts bové avec ses "partisans", hier matin je collais des affiches MGB et distribuais destracts itou avec des camardes du pcf, aprrès demain on colle des affiches Bové avec des cocos et de bovos et en plus on a une réunion du collectif unitaire prévue. j'oubliais, j'ai aidé à trouver 2 signatures de maire pour jb. pas eu besoin pour mjb. et pas de militant lcr/besancenot sur ma ville sinon je donnerai un coup de main aussi. En revanche pas pu convaincre (encore ?) qu'on distribue les tracts ensemble sur le marché... Pour le vote final (faute de lutte du même nom) j'envisage la méthode chapeau : les 3 b dedans et je tire au sort.tu vois François, ce n'est pas un rêve que tu as fais ; juste de la transmission de pensée...A suivre.Fraternellement
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F
Mr l'administrateur,Vous dites "cet appel est une excellente idée, absolument pas insuffisant ni dérisoire."Alors pouvez-vous, en tout cas dans un premier temps,  publier  en tant qu'article le texte suivant :<br /> "Sur ce site, un travail de coécriture à commencé autour du texte suivant :<br /> Les blessures qui affligent la planète et ses habitants jusqu’à menacer leur avenir même, l’immensité et la diversité des besoins humains, nécessitent d’urgence de chercher des réponses dans la solidarité, le partage, la coopération, les valeurs du service public, la justice sociale, la paix...<br /> Il faut se libérer pour cela de l’hypothèque que représente le capitalisme et les politiques libérales qui n’ont de cesse de tout passer à la moulinette de la « concurrence libre et non faussée » qui ne sert que l’enrichissement de certains.<br /> Le Monde n’est pas une marchandise, .<br /> Unis par la conscience de ces enjeux, nous refusons l’éparpillement de nos forces qui ouvre un boulevard aux projets de la droite et de l’extrême-droite alors que le programme du Parti socialiste n’annonce l’engagement d’aucune des ruptures nécessaires avec les politiques néolibérales.<br /> C’est pourquoi nous soussignés, affirmons qu’il n’y a pas d’intérêt politique supérieur au rassemblement des forces antilibérales qui a prévalu lors de la conception de nos textes référents, " Ambition - Stratégie - Candidatures " et "Ce que nous voulons" .<br /> Nous conjurons, toutes les organisations, toutes les personnalités, ayant participé à ce rassemblement d’agir pour la reprise de la dynamique unitaire initiale, à l’oeuvre lors des grands meetings de l’automne dernier, par la présentation d’une candidature commune à l’élection présidentielle.<br /> Rien n’est encore perdu si nous savons prendre la mesure de l’enjeu...<br /> <br /> Post Scriptum :<br /> Ammendements, réflexions, moyens techniques, etc, sont attendus ! qu’on se le dise !"sous le titre Appel à candidature commune ?<br /> Merci
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A
François,<br /> La politique n\\\'est pas seulement un beau rêve... Il est temps de nous réveiller tous!<br /> "Fraise", Denis, Jean, Gérard... d\\\'autres et moi avons réfléchi, écrit, tenté tout ce qu\\\'il nous était possible pour  porter aux yeux des responsables, de ceux qui avaient un peu de poids, les idées unitaires sans lesquelles nous courons tous à l\\\'échec... Nous avons certes rêvé, nous rêvons certes encore, mais nous agissons...<br /> Seulement, il nous faut un relais fort, un relais puissant... Il faut que nos idées sortent du cercle restreint dans lequel elles sont, pour l\\\'instant, enfermées. Tant que nous ne nous concerterons qu\\\'entre convaincus, nous ne ferons pas avancer les choses. Or, il y a urgence!<br /> Nous attendons d\\\'être lisibles et visibles... nous attendons que les instances dirigeantes prennent conscience de l\\\'inanité et de l\\\'absurdité qu\\\'elles ont créé, et de la situation dramatique de notre gauche de gauche... <br /> Il est encore temps de réagir... Allons- nous nous laisser abuser pendant encore cinq ans au mieux?<br />  
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D
François,<br /> Je partage ton rêve, mais tout comme Fraise, je trouve que vous nous faîtes vivre un cauchemard, vous tous qui avez l'autorité, le renom, les moyens (du moins je pense que vous pouvez les trouver), donc la responsabilité, de nous permettre à tous, non seulement de rêver, mais de rêver éveillés, combattants pour notre rêve commun.<br /> Denis Krys (adhérent au Pcf)
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B
moi aussi j'ai fait un rêve...<br /> <br /> nous faisions de la politique ! considérant somme toute que c'est la politique qui peut rendre les rêves tangibles...<br /> <br /> et voilà ce que nous disions dans mon rêve : les situations s'analysent, les comportements politiques également. Et nous analysions la situation créée par le comportement de la LCR, et du PCF...et constatant qu'il fallait ouvrir grand la fenêtre de l'avenir si nous ne voulions pas que le grand capital nous digère, nous disions que la candidature de josé bové prenait date, pour qu'une autre façon de faire de la politique, avec les citoyens, en leur restituant le pouvoir voit le jour....<br /> <br /> alors voilà, je me suis réveillée, je ne rêve plus, je me bats pour que josé puisse être candidat, et que son score soit intéressant.<br /> <br /> c'est cela qui fera évoluer le comportement du PCF (peut-être ??), mieux que tout.<br /> <br /> amitié
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