Lettre à Olivier Besancenot

Publié le

Cher Olivier,

 

 

 

 

 

Tu veux rassembler « sans sectarisme » les forces anticapitalistes de ce pays. 100% d’accord avec cet objectif. Oui, il y a urgence à retrouver le chemin du rassemblement. L’important, c’est l’avenir et l’unité pour rééquilibrer une gauche qui marche sur son pied droit. Car l’éclatement des candidatures de la gauche alternative nous place aux marges dans cette campagne, nous empêche d’être audible, crédible, utile. Demain, nous devrons réussir ce que nous avons réussi avant-hier (la bataille contre le  traité constitutionnel européen) et raté hier (la candidature antilibérale commune). Pour y parvenir, il va falloir que chacun mette en cohérence théorie et pratique. La LCR n’a-t-elle pas tourné le dos aux collectifs antilibéraux au moment où la dynamique était la plus prometteuse ? Mais regardons devant.

 

 

 

 

 

Tu dis : il faut se préparer à être « l’opposition crédible » à la « gauche molle ». A quelques semaines du scrutin, je préfère conserver le terme d’opposition à la droite dure, qui est l’ennemi principal (il serait bien de ne pas l’oublier)… Mais ne pas se résigner à la dérive sociale- libérale à gauche, d’accord. Se donner les moyens d’une indépendance complète à l’égard du PS, encore d’accord. En revanche, se fixer pour seul objectif de constituer une petite coalition à part, éternel aiguillon minoritaire d’une social-démocratie hégémonique, tel n’est pas mon projet. Il ne faut pas viser la place subalterne d’une gauche de témoignage, vouée à l’opposition ; la gauche que nous constituons, rassemblant toutes celles et ceux qui s’opposent au libéralisme économique et veulent l’émancipation individuelle et collective, doit vouloir être le pivot et non la supplétive d’une recomposition générale. Nous devons passer des critiques aux réponses, du cahier de revendications aux propositions étayées dans tous les domaines. Et nous donner les moyens de les faire advenir. Cela nous amène à un débat de fond, à affronter ensemble : quelle articulation nouvelle entre réforme et révolution ? Comment passer de la résistance à la transformation ? Au grand soir des révolutions impossibles, je préfère les réformes qui, inscrites dans une cohérence et portées par une dynamique, révolutionnent. L’expérience féministe, sans doute… Mon mandat d’élue m’a aussi appris l’intérêt de raccorder les mobilisations sociales à l’action dans les institutions.

 

 

 

 

 

Je préfère t’entendre dire qu’il faut l’unité que t’entendre énumérer toutes les raisons qui poussent à lui tourner le dos. Ne perdons donc pas le goût de se rassembler. Et tant qu’à faire, plutôt que de le dire, faisons-le ! Pourquoi ne pas profiter des législatives qui viennent pour réussir, dans le maximum de circonscriptions, ce que nous n’avons pas su faire à la présidentielle ? Voilà qui serait un premier pas vers la constitution d’une dynamique politique neuve et durable, authentiquement de gauche, résolument anti-libérale, féministe, écolo, démocratique. D’ici là, je souhaite à José, à Marie-George et à toi de faire les meilleurs scores possibles le 22 avril prochain. Nous aurons alors quinze jours pour mettre Sarkozy dehors et quelques mois pour repartir ensemble du pied… gauche.

 

 

 

 

 

Clémentine Autain

in Libe 4 avril 2007

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C
Juste pour terminer là : JC Renoux, je n'ai pas à discuter vos choix ni vos préférence (et je n'ai plus depuis longtemps la prétention de "changer le pcf de l'intérieur") mais si les critiques sur le pcf sont justes et qu'il existe quelques personnage peu recommandable dans leur méthode, j'avoue nêtre pas convaincu , pour en connaître quelques uns, qu'il n' y aurait aucun  du côté des soutient de José Bové... (et tiens pour s'amuser : quel rôle a pu jouer naguère Fernanda Maruchelli, porte parole de Bové, dans le rapprochement entre Bellacio et la direction du pcf?...)
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G
L'appel de Didier Paillard et d'autres élus communistes de Saint-Denis à voter MGB par "attachement aux valeurs d’émancipation humaine qu’incarne (...) l’idéal communiste, et la volonté de faire vivre un rassemblement unitaire à gauche, ici, comme partout ailleurs" donne lieu à une nouvelle mascarade sur Bellaciao. La déclaration (respectable) de Didier et d'autres copains est utilisée comme "preuve" d'isolement de Patrick Braouezec. Avec des appels à la non-reconduction de Patrick. je me suis permis de rappeler aux sectateurs de ce site que cela avait déjà été tenté en 1995. Sans autre succès que de mettre l'ami Soucheyre en minorité et en porte à faux. Le message n'a évidemment pas été publié et me voici de nouveau blacklisté.Paco fait des révélations sans le savoir avec ses "enfants prodigues", son "Joseph" et sa "Marie" : il en est qui confondent parti et église, conviction et dogme...gib
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J
Même chose pour : "quelqu'un m'affirme ne pas connaître une seule cellule qui ne peut pas garder un seul adhérent ", il faut lire une cellule ! 
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F
Vous connaissez un bon bout d'histoire, à vous deux. c'est bien ! honte à la pauvre inculte que je suis, à tord sans doute, je ne suis pas sûre que cela me passionne. Par contre et au risque de remettre de l'huile sur le feu,  "l'analyse concrète d'une situation concrète" a été complètement foirée tout récemment à mon humble avis...comme quoi tout ça ce n'est encore que des mots !Tiens histoire de vous faire partager mon état d'esprit :http://www.frmusique.ru/texts/r/reggiani_serge/loupssontentresdansparis.htmet ça aussi http://9emecollectif.net/
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J
J'ai écrit : "ni ne pas connaître un seul communiste etc". Il faut lire ni ne pas connaître un communiste etc", et ce afin d'éviter les malentendus et les procès d'intention !
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