Antilibéraux, puissance trois
Quoi qu’on en dise, les antilibéraux ont fait une entrée en campagne absolument remarquable.
En présentant simultanément Buffet, Bové et Besancenot, les candidats de la gauche unitaire bénéficieront de trois fois plus de temps de parole que les autres mouvements engagés dans la course à la présidentielle.
Ce détail, qui pourrait en faire sourire certains, n’est pas négligeable. Le camp antilibéral, qui n’a de toute façon pas suffisamment de visibilité pour se hisser au 2e tour cette année, pourra bénéficier de la forte médiatisation de cette élection pour exposer ses idées et accroître la notoriété de ses différentes personnalités.
Ensuite, cette campagne en ordre dispersée devrait paradoxalement bénéficier aux antilibéraux dans la construction d’une force politique pérenne.
En effet, le camp antilibéral s’est suffisamment divisé pour qu’aucun de ses candidats ne parvienne à dépasser la barre fatidique des 5%. Cet échec électoral très probable va donc reposer la question du nécessaire rassemblement dans l’optique des élections législatives.
Comprenez bien que si le PCF ou la LCR avaient franchi le cap des 5% à la présidentielle, pour sûr, ces organisations auraient immédiatement vanté leur hégémonie sur le camp antilibéral, leur potentiel électoral majoritaire, et faient fi définitivement d’une quelconque alliance avec leurs possibles partenaires. A trois candidats, personne semble t-il ne parviendra à tirer son épingle du jeu. Et c’est probablement une belle morale.
L’autre avantage de la division actuelle va sûrement venir des médias, qui n’hésiteront pas à mettre les candidats, et donc indirectement les états-majors, devant leurs contradictions :
" Marie-Georges Buffet, les antilibéraux vous reprochent d’être passée en force et de vouloir vous réapproprier la démarche collectifs unitaires. Que leur répondez-vous ? "
" Olivier Besancenot, vous avez refusé de vous inscrire dans la démarche unitaire alors que sur le fond, votre programme est sensiblement le même. Comment l’expliquez-vous ? "
" José Bové, vous êtes le 3e candidat à vous réclamer de l’antilibéralisme Est-ce que vous n’ajoutez pas de la division à la division ? "
Les questions des journalistes sont déjà toutes trouvées. Elles auront le mérite de pointer du doigt, pour le grand public, cette volonté qui a préexisté de créer un grand rassemblement à gauche du parti socialiste. Car clairement jusqu’alors, en dehors du cercle fermé des militants, cette alliance est demeurée absolument incompréhensible pour l’électeur lambda. Voilà donc une occasion de l’expliciter, de faire comprendre aux citoyens que nos trois candidats portent en fait un seul et même projet, à peu de choses près.
En somme, nous aurions tort de désespérer. Aux militants antilibéraux qui baissent actuellement les bras, qui oscillent entre doutes, résignation ou rancœurs, je n’ai envie de dire qu’une chose : soutenez, soutenez ardemment, mais ne dénigrez pas dans votre propre camp. Continuez au contraire à pousser. Continuer à défendre l’élan unitaire. Ou continuer même à défendre votre propre candidat. Cela n’a pas d’importance, pourvu que vous nous apportiez votre énergie, votre envie, qui nous est si précieuse depuis le début de cette aventure. C’est de cela que nous avons besoin actuellement.
Depuis maintenant près d’un mois, j’ai pour ma part laissé mes désillusions de côté et je m’en porte beaucoup mieux. Je me suis rangé corps et âme derrière le camp antilibéral. Derrière ses idées plus particulièrement. Et donc derrière tous ses candidats, sans singulariser mon soutien.
J’ai signé la pétition en faveur de José Bové et j’ai apporté ma contribution financière au collectif unitaire du Rhône pour appuyer sa campagne.
Je le soutiendrais de toutes mes forces.
J’ai également choisi d’adhérer simultanément au PCF et à la LCR, au risque d’être du coup exclu des deux organisations pour cette participation croisée. Qu’importe. Je souhaite m’associer tout autant à la campagne de Marie-Georges Buffet et d’Olivier Besancenot.
Je les soutiendrais, eux aussi, de toutes mes forces.
Aujourd’hui, je serais bien en mal de dire pour qui je voterais à la présidentielle ou aux législatives. Parce qu’au fond, cela m’importe peu.
Le jour du vote, je sais que je serais de toute façon représenté, que les trois candidats porteront à peu de chose près un programme volontariste, le mien, et que je voterais probablement pour celui le plus à même de faire un score honorable.
En attendant, il va falloir nous retrousser les manches, ensemble ou chacun de notre côté. La bataille pour nos idées va commencer. Puissance trois.
Laurent, militant PCF, Rhône