PCF : les déçus de Buffet s'organisent (in Marianne)

En ce week-end monopolisé par le Sarko-show, la vie des autres partis ne s'arrête pas pour autant. En témoigne l'Appel lancé par les nouveaux communistes unitaires hier à Saint Denis.  

Une centaine de militants et d'élus communistes déçus par la ligne Buffet ont lancé hier soir un appel (voir ci-dessous) pour la création d'un nouvel « espace communiste » qui devrait probablement prendre la forme d'une association regroupant les « communistes unitaires ». « Il s'agirait d'une d'organisation ouverte à tous permettant à des communistes de cœur ou des communistes non encartés de réfléchir ensemble à faire émerger une force politique moderne et contemporaine » a confié Patrick Braouezec à Marianne2007.info, à l'issue de la réunion qui se tenait hier à la Bourse du travail de Saint-Denis.  

Vers un ticket Bové-Autain ? 

Quelques heures plus tôt, les partisans d'une candidature José Bové annonçaient avoir dépassé les 10 000 signatures de soutien. Ce qui a poussé de nombreux intervenants à donner leur sentiment sur l'initiative du leader altermondialiste. Ainsi le communiste refondateur Roger Martelli a t-il estimé que « l'ampleur de la pétition rend la candidature de Bové légitime mais pas consensuelle ». Or « seule la logique du consensus peut fonctionner» a t-il objecté. Pour le député de Seine-Saint-Denis, François Asensi, ce succès exprime avant tout un « désarroi. Mais je dis : pourquoi pas ? Je ne ferai rien contre cette candidature mais je ne signerai pas la pétition tant que je n'aurai pas un certain nombre d'éclaircissements ».  

La formule de Catherine Tricot, rédactrice en chef du magazine Regards qui s'est dite prête à « voter Bové » mais pas forcément « à militer pour lui » a emporté l'adhésion de la salle : « Je crois qu'il faut être agnostique sur ce sujet sinon on va être divisé » a t-elle proposé. 

A la sortie de la réunion, Patrick Braouezec s'est dit partisan « d'exiger de Bové un travail collectif. Et moi je serais pour qu'on ait quasiment une sorte de duo "Bové-Autain", avec la possibilité qu'Yves Salesse et moi-même, Besancenot et Buffet s'ils enlèvent leurs candidatures, puissent "en être" pour une candidature qui soit réellement collective ».  

Ni scission, ni courant

Après quatre heures et demi de débats, les militants se sont mis d'accord sur un texte appelant à « imaginer un espace autonome dont le nom reste à décider ensemble ». Ces communistes qui disposent déjà d'un site internet (http://communistesunitaires.over-blog.com) souhaitent privilégier un fonctionnement en réseau, dont Patrick Braouezec a fixé le cahier des charges : « Nous devons réfléchir à une structuration qui permette de prendre des décisions et de parler d'une même voix. Mais nous ne pouvons plus fonctionner à un niveau pyramidal car la forme de parti est aujourd'hui dépassée » a-t-il constaté. Si cet espace s'annonce ouvert « à la LCR unitaire au niveau militant, il ne s'agit pas d'un cartel de partis » a précisé François Asensi. Au même moment, d'autres déçus de la candidature Buffet étaient réunis dans plusieurs autres villes, comme à Grenoble ou à Saint-Gauden, en Haute-Garonne.  

La direction du PC se veut aussi unitaire

Interrogé la veille sur la constitution d'un mouvement communiste unitaire, Olivier Dartigolle, porte-parole du Parti communiste, a estimé que la candidature de Marie-George Buffet « était tout aussi unitaire». Il a regretté que les « autres personnalités du mouvement n'aient pas donné suite aux propositions de Marie-George Buffet » qui avait imaginé un état-major de campagne incluant de nombreux leaders antilibéraux. Il a aussi annoncé qu'au vue des « 400 procès-verbaux dépouillés [suite à la nouvelle consultation lancée au lendemain de l'échec de la réunion de Saint-Ouen] plus de la moitié des collectifs locaux ont exprimé le souhait de partir en campagne pour Marie George Buffet ». 

Par ailleurs, ce dernier promet le 23 janvier, date du prochain meeting de Marie-George Buffet, les « interventions de représentants des collectifs locaux qui ne sont pas encartés au PCF et de personnalités du mouvement social » et renvoie ses camarades à la « Lettre à un ami communiste amer et déçu », rédigée par Patrice Cohen-Seat. Toutefois le PCF ne participera pas à la prochaine réunion des collectifs locaux les 20 et 21 janvier. Contrairement aux opposants à la ligne Buffet qui répondront présents. Ces derniers appellent d'ici-là à « la mise en synergie et en mouvement de tous les communistes unitaires »(...) « en articulation avec celle du mouvement [antilibéral] dans son ensemble.» 

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Malika Zediri : «C'est terrible de ne pas faire la campagne de Buffet»  

Membre du Conseil national du PCF, élue communiste au Conseil régional d'Ile de France et porte-parole de l'association de chômeurs Apeis, Malika Zediri explique la démarche des communistes unitaires.  

Marianne2007.info: Pourquoi ne ferez vous pas la campagne de Buffet ? 

Malika Zediri : D'abord, pour moi, c'est terrible de ne pas faire campagne pour Marie-George Buffet. Je suis au PCF depuis 1976, c'est la première fois que je ne fais pas campagne pour un des candidats du parti. C'est une vraie douleur, mais je veux dire que je ne suis pas dans le règlement de compte personnel. Les décisions qui ont été prises par la direction sont graves et c'est parce qu'elles vont avoir des conséquences directes sur la vie des gens que je ne soutiens pas cette campagne. Je crois qu'on s'est trompé dans le Parti et en tant que communiste j'essaie d'être le plus cohérent possible avec moi-même.  

Qu'attendez-vous de ce mouvement communiste unitaire ?

Il ne s'agit pas d'être un Parti communiste bis, mais de s'inscrire dans cette mouvance communiste et de réfléchir ensemble à ce qu'est être communiste. On n'est pas simplement que des antilibéraux, on a besoin d'être des partisans, des partisans d'un certain nombre de choses. C'est cela qu'on a besoin de faire voir pour demain. 

Ne craignez-vous pas une rupture avec la direction ?

Il y a eu une attitude de la direction et beaucoup sont déçus. C'est un gros paquet de militants et de militantes qui va manquer. Pour moi, il est encore temps pour le parti de changer, il est encore temps de faire autremenent. 

Soutiendrez-vous la candidature Bové ?

Je suis agréablement surprise du poids de la pétition, elle va continuer à grandir. Autour de moi et y compris chez des gens qui ne sont pas très politisés, on en parle. Donc, il faudra refaire le point. On n'a pas besoin d'être partout pour que les choses avancent, on n'est pas obligé de répondre à toutes les pressions. Pour l'instant, l'urgence pour nous c'est de travailler à changer les choses. C'est de travailler pour demain, pour changer la société.  

Dimanche 14 Janvier 2007

Propos recueillis par Octave Bonnaud 

Comments

[DANQUIGNY Pierre-Marie]

Je regrette profondément la décision de présenter MGB. Avant le congrès de mars 2006, déjà, la cellule Mouttet (Avignon Intramuros) avait adopté à l’unanimité une motion disant ceci : « Nous proposons de nous engager dans un processus d’élaboration d’un programme unitaire antilibéral et de recherche de la meilleure ou du meilleur candidat possible. Nous estimons en effet que l’essentiel est le programme antilibéral ; que peu importe, en définitive, qui porte ce programme aux présidentielles ; qu’il est préférable d’avoir un candidat unitaire, même inconnu, plutôt qu’une personnalité non unitaire ; qu’une candidature communiste non unitaire ouvrira la porte à une répétition de l’échec de 2002 ; qu’une candidature unitaire au contraire ouvrira la porte à l’essentiel, c’est-à-dire à une victoire aux législatives ».

 

Plus récemment, le 18 décembre 2006, un certain nombre de communistes vauclusiens tiraient la sonnette d’alarme avec ces mots : « Le choix de présenter MGB entraînera forcément la fin de l’unité d’action contre le libéralisme, le repli du parti sur soi, la porte ouverte au bipartisme ».

 

Mais plus encore que ce choix, je regrette et je dénonce les méthodes qui ont été employées : divorce entre le discours et la pratique, pressions inadmissibles sur les adhérents, manque de clarté et de démocratie, manipulation des collectifs unitaires, volonté de garder le contrôle par tous les moyens, reprise en main de l’Humanité.

 

Pour moi qui ai été adhérent de 1963 à 1978 et qui ai ré-adhéré en 2002 en pensant que le parti avait changé, j’ai retrouvé les méthodes archaïques et sclérosantes qui m’avaient poussé à quitter le parti. Je pense que la fin ne justifie pas les moyens et que des moyens pernicieux pervertissent une fin, même bonne (et encore plus quand elle est mauvaise !).

 

Nous avons constamment parlé du « piège des présidentielles » et nous sommes tombés directement dedans, alors qu’il était facile de l’éviter par le tirage au sort, que, sous les ricanements de certains, j’avais proposé lors d’un Conseil Départemental.

 

Ou plutôt, la direction du parti a feint de tomber dedans car

 


Il est bien évident maintenant que la décision de présenter MGB était prise depuis longtemps et que l’on nous mentait en affirmant qu’il ne s’agissait que d’une candidature à la candidature.


 


Il est bien évident maintenant que la décision de maintenir la candidature de MGB était prise depuis longtemps et que l’on nous trompait en feignant de rechercher un candidat consensuel.


 


Il est bien évident maintenant que certains étaient prêts à tout pour garder le contrôle du mouvement antilibéral et que l’on nous abusait en nous poussant à créer des collectifs.


 

Ma colère est à la mesure de ma déception de communiste trompé !

 

Et maintenant ? Que faire ?

 

Personnellement et dans l’immédiat, je pense que :

 


Malgré tout, la candidature de MGB a quelques atouts et l’engagement clairement antilibéral du PCF peut attirer légitimement un certain nombre de personnes des milieux populaires. Je ne ferai donc rien pour la gêner mais je ne ferai rien non plus pour l’aider.


 


Une autre candidature antilibérale, à côté de celles de Olivier Besancenot et de Marie-George Buffet, n’a pas de sens et ne pourrait que favoriser la division et le vote utile en faveur de Ségolène Royal au premier tout.


 


Il faut continuer à faire vivre les collectifs antilibéraux et rechercher l’unité d’action de toutes les forces antilibérales pour les législatives puis pour les municipales.


 


 

Mais au-delà se pose la question de l’intérêt du Parti Communiste : est-il encore un lieu d’élaboration d’une pensée révolutionnaire, une force pour changer profondément notre pays, un outil adapté à la situation ?

 

Ces questions ne peuvent trouver leur réponse en quelques mots. Ce qui est certain, c’est que nous sommes beaucoup de communistes, dans le parti et en dehors du parti, à penser qu’il est nécessaire de contribuer à la création d’une nouvelle force politique anticapitaliste.

 

Ceci ne peut se faire d’un coup de baguette magique ni contre le parti communiste. Ceci doit se faire, si possible, avec le parti communiste, ou, du moins, avec ses milliers de militants sincères et combatifs et avec toutes les personnes, adhérentes ou non d’un parti politique, engagées dans les collectifs.

 

C’est pourquoi, je reste membre du Parti Communiste, en militant pour l’unité du mouvement antilibéral et pour l’émergence d’une nouvelle force de transformation sociale.

 


 


 

Pierre-Marie Danquigny
Danquigny84@numericable.fr
 

[marie claude]

j\\\'avoue que plus je lis les interventions des uns et des autres et plus je n\\\'y comprends plus rien.
Vous dites je ne mene pas campagne pour Buffet. OK Mais pour qui ?
et Pourquoi ? Buffet est elle pour un smic révalorisé aux calendes grecques, est elle pour que  des cadeaux soient faits aux puissants de la finance, que les gends travaillent plus, et plus lontemps etc......?
Ce n\\\'est pas ca me direz vous c\\\'est c\\\'est à cause de la décision de la direction du pcf. Cette meme décision qui aura  d\\\'après vous des conséquences graves pour la vie des gens.
Pourquoi parce qu\\\'il n a pas un candidat antilibéral hors pc?
Mais si, il suffit simplement pour que les gens vivent mieux qu \\\'il y ait un candidat antilibéral hors pc. Un peu facile non ?
Entre ceux  qui ne veulent pas mener camagne, plus ceux qui cherche le candidat antilibéral qui lave plus blanc que les autres, plus ceux qui grace a tout cela ne savent plus ou ils en sont. Total c \\\'est pas demain la veille que je verrai mon quotidien s\\\'éclaircir.
Une citoyenne qui en marre de la sociète libérale (et parti comme c\\\'est parti je sens que je ne suis pas au bout de mes peines en attendant que les chevaux arretent de se battre dans l\\\'écurie.)